samedi 9 janvier 2010

HOLYCOST, ou la dette sacrée

Quel est le prix d’une vie humaine ? Peut-on estimer financièrement la perte d’un groupe d’individus ?

L’éthique et la morale prétendent que la vie n’a pas de prix. Et pourtant, depuis toujours, des notions de valeur ont été instaurées de manière à essayer de maintenir un certain équilibre. Les justificatifs ne manquent pas : vengeance, réparation d’un tort, héritage, … Par avidité, l’homme a souvent recours à la créativité.

Des nos jours, des experts sont mandatés pour évaluer les montants à verser aux familles des victimes d’une catastrophe aérienne, d’un naufrage, d’un séisme, d’un tsunami. Les outils d’évaluation deviennent de plus en plus performants, pourtant l’équilibre n’est jamais rétabli. La disparité des sommes, de niveau de traitement, d’attention, de suivi psychologique est à la mesure des faussés qui continuent à séparer les riches de pauvres, le nord du sud… les blancs des noirs, les chrétiens des musulmans.

L’évolution des moyens de communication a beaucoup contribué à ce que ces disparités se perpétuent et s’amplifient. Un événement marquant, relayé par les médias, créé automatiquement un élan de solidarité, de mobilisation de moyens et ressources considérable et perdurera le temps que l’actualité politique, sportive ou festive le relègue au fond de la rubrique faits divers, avant qu’il tombe dans l’oubli et l’indifférence général.

Des meurtres, des massacres, des génocides, continuent à se produire, aux vus et aux sus de la communauté international. Mais à défaut d’y pouvoir en tirer un quelconque profit – pétrole, gaz, minerais – ceux qui se considèrent grands de ce monde, se cachent derrière ce qui pourraient être considéré comme un acte d’ingérence.

A combien estimerai-t-on aujourd’hui, la mort des milliers de juifs, tziganes, handicapés et autres déportés pendant la deuxième grande guerre ? Ce qui a déjà été fait, les montants versés, les concessions accordés, la reconnaissance, les monuments, les honneurs et la multitude de déclarations et demandes de pardon, n’ont-elles pas suffit à « réparer » leur préjudice ?

« Plus jamais ça ! » … certes, mais il est plus que temps de passer à autre chose. Quelqu’un qui n’est pas capable d’accepter des excuses, de pardonner, de panser ses plaies et d’avancer, n’est pas digne d’autant d’attention.

Tant de souffrances actuelles méritent que cessent ces éternelles lamentations et qu’un peuple qu’à tant reçu, se décide enfin à un peu donner.