mardi 19 janvier 2010

Politique daltonienne

Certaines de nos expressions courantes contiennent des évocations plus ou moins explicites à des couleurs : humour noir, bleu de rage, rire jaune, blanc de peur, main verte, rouge de honte, marché gris, téléphone rose...

D'aucuns défendent l'idée de l'existence d'un langage des couleurs, auxquelles on attribuerai des caractéristiques, des propriétés ou même des vertus curatives. Pourtant, ce langage ne saurait être universel. La signification, la métaphore et l'utilisation d'une couleur changent selon l'époque, la culture, la langue ou le contexte - pour exemple : le blanc, associé en Occident à la pureté, est lié au deuil dans la plupart des pays asiatiques.

Omniprésentes autour de nous, les couleurs font partie de notre quotidien et sont utilisées dans de nombreux domaines en fonction de leurs propriétés esthétiques, psychologiques et symboliques.

La simplicité d'esprit de quelques-uns a jugé utile d'attribuer des couleurs à certains courants de pensée ou politiques. Par analogie,de gauche ou de droite, centriste ou extrémiste, chaque parti politique est naïvement associé à une polarité, sensé distinguer conceptuellement l'orientation du raisonnement, visiblement sans prendre en compte des critères qualitatifs.

Avec beaucoup d'imagination, l'association de la couleur verte à des groupuscules à sensibilité écologique peut être tolérée. Mais de là à voir une quelconque approche philosophique ou figurative entre le bleu et la droite, le rouge et la gauche, ou encore l'orange et le centre, ce n'est pas à l'imagination qu'il faut faire appel, mais à une spéculation malsaine.

Si "la couleur est la perception subjective qu'a l'œil d'une ou plusieurs fréquences d'ondes lumineuses", cela implique que la lumière existe. Or dans la politique, comme souvent dans la religion, il est plus fréquemment question d'obscurantisme que d'illumination.

Dans une période bien sombre de l'histoire de l'humanité, nous avons facilement tendance à croire que nos dirigeants sont aveugles et parfois il aurait mieux valu qu'ils le soient vraiment... ils seraient plus volontiers absous de leurs ténèbres conduites.

Que vous soyez démocrate, républicain, conservateur, libéral, socialiste, communiste, écologiste, travailliste, marxiste, nationaliste, anarchiste, indépendantiste, chrétien, sioniste ou féministe, chers politiciens, le mandat que le peuple vous a confié est celui de conduire nos nations avec sagesse, humilité, bienséance, faisant preuve d'esprit d'équipe pour le bien de tous. Aussi, ne prétendez pas être rouge, bleu, orange ou vert, soyez daltonien, travaillez ensemble et "que la lumière soit".